Au début, la plupart des aéronefs  (avions, ballons, dirigeables) ne disposaient d’aucun moyen de s’en échapper en cas d’avaries graves. Certes, les parachutes étaient connus, mais bizarre- ment,  ils n'avaient pas été mis au point pour devenir des outils de survie. C’est pourquoi l'histoire du développement du saut en parachute est plus que passionnante.

Voici le premier d’une suite d’articles sur le parachutisme, des origines à Louis-Sebastien Lenormand.
 

Les Chinois furent les premiers à concevoir l'idée d'un parachute. Ils ont construit des dispositifs en forme de parapluie, qu'ils utilisèrent essentiellement pour faire des cascades, afin de divertir les plus puissants. Ils ne ressemblaient en rien aux parachutes que nous connaissons aujourd'hui, mais c'était une autre époque.

Le livre « Si Ji » de l’historien Si Chian Ma parle d’une légende qui relate comment l'empereur Shun (2000 ans avant JC) a pu échapper à une mort certaine, en sautant d’une tour en feu tout en tenant à bout de bras deux grands « chapeaux de bambou ». Ce saut en parachute impérial est le premier saut connu de l’histoire où son auteur serait arrivé au sol en toute sécurité.

Bien plus tard, vers 200 avant JC, on raconte qu’il y eu des acrobates de cirque qui exécutaient un saut en parachute (un ou plusieurs sauts, selon la hauteur et leur chance) dans les palais des empereurs Han. Le principe utilisé était plus ou moins le même utilisé 1800 ans plus tôt par l’empereur Shun (grand chapeaux ou parasols en bambous).

Il y a aussi des comptes rendus historiques datant de 1308 (après JC) et qui relatent que les activités des acrobates parachutistes sont réapparues  dans le palais de l'Empereur du Yuan.

L’Espagne fut contrôlée par les arabes dès 716. C’est ainsi que Cordoue devint le plus haut lieu de culture et de diffusion de la connaissance et de la science, alors que l’Europe d’alors était plongée dans l’obscurantisme du Haut Moyen-Age. Ibn Abbas Firnas (810-887), précurseur de l'aéronautique, était un savant arabe vraiment remarquable avec de très nombreuses compétences (humaniste, scientifique, chimiste  et poète).

Il a conçu ce qui fut probablement le premier appareil de type parachute de l'histoire. Ainsi, en 852, il a effectué le tout premier saut en parachute « européen » du minaret de la Mezquita, la Grande Mosquée de Cordoue, en portant un grand manteau volumineux pour amortir sa chute. Toutefois, sa théorie était erronée.

Il pensait que le manteau se gonflerait d'air et lui permettrait de flotter doucement jusqu’au sol. Au lieu de cela, le manteau n'a pas ralenti sa descente et il atterri assez lourdement sur le sol. Fort heureusement, il y avait assez d'air dans les plis du manteau pour adoucir son atterrissage et il s’en tira avec des blessures minimes. Certains considèrent qu’Ibn Firnas est le créateur du premier parachute, l’homme qui a réalisé le premier saut en parachute.

Toutefois,  il n’en est rien, car l’Histoire montre que l’invention du parachute est – comme beaucoup d’autres inventions -  une œuvre commune. Les recherches menées dans plusieurs pays et sur plusieurs siècles ont profitées à tout le monde, les chercheurs s’inspirant des travaux des autres.

De nombreux experts considèrent que ce serait Leonard de Vinci (le célèbre peintre et inventeur) qui eu le premier l'idée de supporter le poids d'une personne au moyen d'un parachute (tel que nous le connaissons). Il a en a conçu le croquis et sa description entre 1480 et 1485 dans son fameux Codex Atlanticus. C’est la toute première documentation concrète et complète sur ce sujet dans l'histoire occidentale, et marque bel et bien l’origine du parachute, tel que nous le connaissons.

Mais comme beaucoup de projets  du Maître, rares sont ceux, qui de son temps, ont pu aboutir. 515 ans plus tard, en 2000, deux spécialistes des sports extrêmes, Katarina Ollikainen et Adrian Nicholas, tentèrent de réaliser un saut en parachute avec la réplique fidèle au croquis original de Léonard de Vinci.  Adrian Nicholas a sauté avec l’engin (de + de 80 kilos !), mais pour éviter des soucis à l’arrivée, il a dû le lâcher pour faire un atterrissage classique avec un parachute moderne.

Ce n’est qu’en 2008 que quatre amis suisses, passionnés d'aéronautique ont reconstruit son parachute pyramidal mais en utilisant des matériaux modernes. C’est l’un d’entre eux, Olivier Vietti-Teppa, qui eu l’honneur d’effectuer un premier saut en parachute à Payerne, en Suisse, avec la réplique améliorée de la voile imaginée par Léonard de Vinci. La chute, effectuée d’un hélicoptère en vol stationnaire à 650 mètres du sol, s’est passée sans encombre.

Plus de 100 ans après De Vinci, en 1595, l'évêque et inventeur vénitien Fausto Veranzio (Verancsics Faustus), publie à Venise un livre au titre évocateur de « Machinae Novae ». Il contient 40 illustrations représentant 56 machines différentes, des dispositifs et les concepts techniques très avancée pour l’époque. Tout comme Léonard de Vinci,  il fait lui aussi la description d’un parachute, et l’une des illustrations, intitulée « Homo Volans » (homme volant) montre un homme « sautant » d’une tour attaché à une voile carrée.

Veranzio aurait expérimenté avec succès son invention en effectuant lui-même un saut en parachute du haut d’un campanile à Venise en 1617. Mais en réalité, il n’y a aucune preuve de son exploit si ce n’est une mention détaillée de l’évènement dans un livre de John Wilkins, sociétaire de la Royal Society de Londre… un livre écrit en 1648 !! Pourtant, à cette époque là,  un évènement aussi exceptionnel aurait du  rassembler une foule immense … et l’homme aurait été célébré dans toute l’Europe.

En 1650 le parachute était déjà utilisé au Siam (la Thaïlande actuelle). Simon de La Loubère, qui y a été envoyé par Louis XIV en qualité d’ambassadeur, est resté célèbre pour avoir fait le tout premier compte-rendu d'un saut en parachute. En 1691, dans son livre Royaume de Siam, il y fait le récit d’hommes sautant d’endroit élevés, munis de deux grands parasols, atterrissant dans des arbres, sur les toits et parfois dans des fleuves. Et ceci dans l’unique but de divertir le Roi du Siam et sa cour.

Quelques décennies plus tard, un chimiste et inventeur français nommé Louis-Sébastien Lenormand, sans doute inspiré par le récit de La Loubère, fit de multiples expériences en utilisant deux sortes de parasols modifiés d’un diamètre de 1,50 mètre. En 1783, il sauta du premier étage de la tour de l'observatoire de Montpelier, en utilisant un « parasol » d’environ 4,50 mètres composé un cadre rigide en bois avec une charpente en osier. Ce fut son seul et unique saut en parachute.

Mais il appela sa création, « parachute » (du grec para - "contre", et Chute). Et c’est ainsi que le nom entra dans l’Histoire.

(à suivre)