Joseph de Montgolfier (le co-inventeur de l’aérostat à l'origine du premier vol d'un être humain) habitait alors à Avignon. Il avait suivi de près les essais du saut en parachute de  Lenormand à Montpellier. En mars 1784, en collaboration avec le marquis de Brantes, il fit construire une espèce de parasol d’environ 2,50 m de diamètre de forme demi-sphérique. Douze cordes le reliaient à un panier d’osier sous lequel il plaça quatre vessies de porc gonflées d’air pour amortir le choc.

Toutefois, plutôt que de monter lui-même à bord, il préféra y installer un mouton. L’appareil fut jeté du haut d’une tour en Avignon. L’essai fut bref, mais concluant. L’animal arriva sain et sauf au sol et s’enfuit immédiatement ! Cependant, l’expérimentation n’eu pas de suite, et Joseph de Montgolfier se consacra à d’autres occupations.

Blanchard

Dès 1785, le célèbre aéronaute Jean-Pierre Blanchard largua à de nombreuses reprises des animaux qu’il avait placés dans un panier attaché à un parachute, lui-même fixé à un ballon gonflé à l’hydrogène. La descente fût à chaque fois une réussite puisque les animaux ont survécus à ce « saut en parachute ». Sous son grand ballon muni d’une hélice et de rames en plumes mues à la force des bras était également fixé un grand « parachute » à armature rigide, une sorte de grand parapluie avec des baleines et un manche qui descendait jusqu’à la nacelle.

Blanchard est crédité par certaines sources comme étant le premier à sauter en parachute d'un ballon. En 1793, lors d’une ascension à Gand en Belgique, Blanchard dû utiliser son invention quand il éprouva  des difficultés avec son ballon devenu incontrolable, car trop gonflé. Il se réceptionnera en en se cassant une jambe, mais il serait ainsi devenu la première personne dont la vie a été sauvée par un parachute lors d'une urgence en vol.

André Jacques Garnerin, l’inventeur du parachute moderne.
Sous le Directoire,  André-Jacques Garnerin fut un des aérostiers français les plus célèbres de l’époque. Il s’est beaucoup inspiré des essais de JP Blanchard sur le parachute. Et il y apporta les aménagements indispensables pour le rendre plus apte au vol, et pour le rendre plus proche de notre parachute actuel. C’est à ce titre que Garnerin est considéré aujourd’hui comme le véritable inventeur du parachute.

C’est le 22 octobre 1797, en présence d’une foule innombrable, qu’il a effectué son premier saut en parachute. Ce jour-là, il monta dans un ballon gonflé à l’hydrogène sous lequel il avait fixé un parachute plié en soie (d’à peine 7,80 m de diamètre mais pesant environ 130 kg, nacelle comprise !!).  Il s’éleva ensuite à quelque 700 m à la verticale du Parc Mousseaux, devenu par la suite Parc Monceau à Paris.

Garnerin avait imaginé un mécanisme qui déchirait le ballon perdu, pendant qu’il coupait la corde qui maintenait son parachute sous l’aérostat. Le ballon explosait au-dessus de la foule muette d’angoisse.  Soutenu par la voilure qui freinait sa descente, l’intrépide aéronaute atterri à peu près bien dans la Plaine Monceau, si ce n’est  une entorse à la cheville qu’il se fit lors de l'impact. Toutefois,  sa descente a été un succès complet – et il connut un véritable triomphe!



Lorsqu’il fit l’expérience pour la première fois, Garnerin s'aperçut que le parachute se balançait avec une violence inouïe. Au point qu’il était obligé de se cramponner de toutes ses forces pour ne pas être projeté au dehors.

L'invention de la cheminée

Le savant astronome Jérôme de Lalande, présent lors de ce premier saut en parachute, devina que ces oscillations venaient du fait que l’air, comprimé pendant la chute, n’avait pas d'écoulement régulier. Ce fut lui qui, paraît-il, conseilla de faire un ménager un trou au centre de  la voilure, afin d'obtenir un mouvement de descente parfaitement régulier. La cheminée venait d’être  inventée !

La famille Garnerin

Chez les Garnerin, le parachutisme était une affaire de famille.  Le 10 novembre 1798, l'épouse de Garnerin, Jeanne-Geneviève Garnerin, est devenue la première femme à faire un saut en parachute, à l'âge de 19 ans. De 1798 à 1812, elle fit de nombreuses ascensions dans les villes à travers l'Europe, suivies d'un saut en parachute qui ravissait les foules en délire.

Dès 1800, Garnerin avait complètement transformé le parachute originel de Blanchard, en supprimant définitivement toute armature rigide sur ses parachutes. Le 11 octobre 1802, Jeanne-Geneviève  dépose le brevet de l’invention de son mari décrit ainsi : l' « appareil dit parachute, destiné à ralentir la chute de la nacelle d'un ballon après l'explosion de celui-ci (…) ».

Au cours de sa carrière d’aérostier, Jacques Garnerin était souvent accompagné et encouragé par sa nièce Elisa (qui apprit à piloter des ballons dès l’âge de 15 ans).  Elisa (Elisabeth) est devenue la première parachutiste professionnelle en réalisant son premier saut en parachute en 1815.  Puis elle établi les premiers records du parachutisme féminin (plus de 38 jusqu’en 1836), ce qui était plus que remarquable pour l’époque.

A suivre...